Françoise Blain a exercé un autre métier avant de plonger en céramique.
En rénovant une maison, elle prend conscience de ses mains, de ces outils fabuleux. Ses doigts concrétisent, matérialisent sa pensée créative.
La céramique l’avait toujours fascinée, attirée. De sa tendre enfance, elle se revoit gratter le sol en quête de tessons, de ces pépites pour archéologue.
Sur des chantiers de bâtiments en construction elle emplissait ses poches de carreaux céramiques, de véritables trésors pour elle. Alors qu’elle pratique un métier scientifique, elle prend des cours, effectue des stages, fait des kilomètres le soir afin d’assouvir sa passion naissante, dévorante. Françoise Blain trouve son équilibre avec la porcelaine et ses recherches sur l’émail. La porcelaine à toutes ses étapes : de sa douceur lors de la conception des pièces, à la blancheur après cuisson. La pureté de cette matière accentue la lumière, la révèle, la renvoie. Françoise accorde son rythme de vie à la durée de travail inhérente à la porcelaine. Ralentir, prendre le temps. Et la recherche en émail, comme une quête de couleur pour un verrier. Trouver cette peau douce, satinée qui enveloppera ses pièces comme une robe épousant le corps d’une femme est parfois le chemin d’une vie. Un émail épais, profond, voluptueux, onctueux, tel l’écume d’une vague nappant la plage. Françoise admire cette vibration née de la fusion de différents minéraux, de ces éléments terrestres, visqueux au feu, vitrifiés au refroidissement épousant le corps de la pièce.
La céramique lui permet d’être au plus près d’elle, à l’opposé de la société qui formate, éloigne l’humain de lui-même. En pratiquant la terre elle dévide la bobine de pièces qui la révèle, confirmant la pensée de Rilke : « façonner et former, une manière de vivre, une félicité, une pureté qui nous éduque, nous construit « En se penchant sur la terre, elle s’élève, touche sa vérité, ses valeurs profondes. La poursuite de ses recherches donne du sens à sa vie. En choisissant de travailler la céramique à temps complet- elle vit sa passion sincèrement dans la solitude de l’atelier, la clef pour rentrer en soi. Car créer, c’est fissurer ce quotidien de faux-semblants, accéder à sa justesse, à sa place dans le monde, à son équilibre.